Page:Bergson - L’Énergie spirituelle.djvu/219

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science aux cadres purement mathématiques, de la science telle qu’on la concevait au temps de Descartes. Nous croyons que les faits, examinés sans arrière-pensée de mécanisme mathématique, suggèrent déjà une hypothèse plus subtile relativement à la correspondance entre l’état psychologique et l’état cérébral. Celui-ci n’exprimerait de celui-là que les actions qui s’y trouvent préformées ; il en dessinerait les articulations motrices. Posez un fait psychologique, vous déterminez sans doute l’état cérébral concomitant. Mais la réciproque n’est pas vraie, et au même état cérébral correspondraient aussi bien des états psychologiques très divers. Nous ne reviendrons pas sur cette solution que nous avons exposée dans un travail antérieur. La démonstration que nous allons présenter en est d’ailleurs indépendante. Nous ne nous proposons pas ici, en effet, de substituer une certaine hypothèse à celle du parallélisme psychophysiologique, mais d’établir que celle-ci implique, sous sa forme courante, une contradiction fondamentale. Cette contradiction est d’ailleurs pleine d’enseignement. À bien l’apercevoir, on devine dans quelle direction il faut chercher la solution du problème, en même temps qu’on découvre le mécanisme d’une des plus subtiles illusions de la pensée métaphysique. Nous ne ferons donc pas œuvre purement critique ou destructive en la signalant.

Nous prétendons que la thèse repose sur une ambiguïté dans les termes, qu’elle ne peut pas s’énoncer correctement sans se détruire elle-même, que l’affirmation dogmatique du parallélisme psychophysiologique implique un artifice dialectique par lequel on passe subrepticement d’un certain système de notation au système de