Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/60

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lons chantant dans le médium, pendant que les seconds violons et les altos accompagnent la mélodie en dessous par un trémolo en double corde. Beethoven a tiré des effets aussi gracieux qu’imprévus, dans tout le cours de ce final, de la transition subite du ton d’ut dièse mineur à celui de ré majeur. L’une de ses plus heureuses hardiesses harmoniques est, sans contredit, la grande pédale sur la dominante mi, brodée par un ré dièse d’une valeur égale à celle de la bonne note. L’accord de septième se trouve amené quelquefois au-dessus, de manière à ce que le ré naturel des parties supérieures tombe précisément sur le ré dièse des basses ; on peut croire qu’il en résultera une horrible discordance, ou tout au moins un défaut de clarté dans l’harmonie ; il n’en est pas ainsi cependant, la force tonale de cette dominante est telle, que le ré dièse ne l’altère en aucune façon, et qu’on entend bourdonner le mi exclusivement. Beethoven ne faisait pas de musique pour les yeux. La coda, amenée par cette pédale menaçante, est d’un éclat extraordinaire, et bien digne de terminer un pareil chef-d’œuvre d’habileté technique, de goût, de fantaisie, de savoir et d’inspiration.


VIII

SYMPHONIE EN FA


Celle-ci est en fa comme la pastorale, mais conçue dans des proportions moins vastes que les symphonies précédentes. Pourtant si elle ne dépasse guère, quant à l’ampleur des formes, la première symphonie (en ut majeur), elle lui est au moins de beaucoup supérieure sous le triple rapport de l’instrumentation, du rhythme et du style mélodique.