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LES


SOIRÉES DE L’ORCHESTRE



PROLOGUE.


Il y a dans le nord de l’Europe un théâtre lyrique où il est d’usage que les musiciens, dont plusieurs sont gens d’esprit, se livrent à la lecture et même à des causeries plus ou moins littéraires et musicales pendant l’exécution de tous les opéras médiocres. C’est dire assez qu’ils lisent et causent beaucoup. Sur tous les pupitres, à côté du cahier de musique, se trouve, en conséquence, un livre tel quel. De sorte que le musicien qui paraît le plus absorbé dans la contemplation de sa partie, le plus occupé à compter ses pauses, à suivre de l’œil sa réplique, est fort souvent acquis tout entier aux merveilleuses scènes de Balzac, aux charmants tableaux de mœurs de Dickens, et même à l’étude de quelque science. J’en sais un qui, pendant les quinze premières représentations d’un opéra célèbre, a lu, relu, médité et compris les trois volumes du Cosmos de Humboldt ; un autre qui, durant le long