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PREMIÈRE SOIRÉE.



LE PREMIER OPÉRA, nouvelle du passé. — VINCENZA, nouvelle sentimentale. — VEXATIONS de Kleiner l’aîné.



On joue un opéra français moderne très-plat.

— Les musiciens entrent à l’orchestre avec un air évident de mauvaise humeur et de dégoût. Ils dédaignent de prendre l’accord ; ce à quoi leur chef paraît ne point faire attention. À la première émission du la d’un hautbois, les violons s’aperçoivent pourtant qu’ils sont d’un grand quart de ton au-dessus du diapason des instruments à vent. « Tiens, dit l’un d’eux, l’orchestre est agréablement discordant ! jouons ainsi l’ouverture, ce sera drôle ! » En effet, les musiciens exécutent bravement leur partie, sans faire grâce au public d’une note. Sans lui faire tort, voulais-je dire ; car l’auditoire, ravi de ce plat charivari rhythmé, a crié bis, et le chef d’orchestre se voit contraint de recommencer. Seulement, par politique, il exige que les instruments à cordes veuillent bien prendre le ton des instru-