Page:Berlioz - Mémoires, 1870.djvu/399

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celle du cor de basset d’une tierce mineure, le timbre de la clarinette basse étant, en outre, d’une nature semblable à celui de cet instrument, mais plus belle seulement, c’est la clarinette basse qu’on devrait étudier dans les conservatoires, conjointement avec les clarinettes soprani et les petites clarinettes en mi bémol, en fa et en la bémol haut.

4º Le saxophone, nouveau membre de la famille des clarinettes, et d’un grand prix quand les exécutants sauront en faire valoir les qualités, doit prendre aujourd’hui une place à part dans l’enseignement des conservatoires, car le moment n’est pas éloigné où tous les compositeurs voudront l’employer.

5º Nous n’avons point de classe d’ophicléïde, d’où il résulte que sur cent ou cent cinquante individus soufflant à cette heure, à Paris, dans ce difficile instrument, c’est à peine s’il en est trois qu’on puisse admettre dans un orchestre bien composé. Un seul, M. Caussinus, est d’une grande force.

6º Nous n’avons point de classe de bass-tuba, puissant instrument à cylindres, différant de l’ophicléïde par le timbre, le mécanisme et l’étendue, et qui remplit très-exactement, dans la famille des trompettes, le rôle de la contre-basse dans la famille des violons. La plupart des compositeurs pourtant emploient aujourd’hui dans leurs partitions soit un ophicléïde, soit un bass-tuba et quelquefois l’un et l’autre.

7º Les sax-horns et les cornets à piston devraient être également enseignés dans notre Conservatoire, puisqu’ils sont maintenant, les cornets surtout, d’un usage général.

8º L’enseignement de la famille entière des instruments à percussion n’existe pas. Y a-t-il pourtant un seul orchestre en Europe, petit ou grand, qui n’ait pas un timbalier ? Non, tous les orchestres ont un homme appelé de ce nom : mais combien compte-t-on de timbaliers véritables, c’est-à-dire d’artistes musiciens familiers avec toutes les difficultés du rhythme, possédant à fond le mécanisme (bien moins aisé qu’on ne le croit) de cet instrument et doués d’une oreille assez exercée pour pouvoir le bien accorder et en changer l’accord avec certitude, même pendant l’exécution d’un morceau et au milieu de la rumeur harmonique de l’orchestre ? Combien compte-t-on de pareils timbaliers ? Je déclare qu’après celui de l’Opéra de Paris, M. Poussard, je n’en connais pas plus de trois dans toute l’Europe. Et vous savez combien de différents orchestres il m’a été permis d’examiner depuis neuf ou dix ans. La plupart des timbaliers que j’ai rencontrés ne savaient pas même tenir leurs baguettes, et se trouvaient conséquemment dans l’impossibilité d’exécuter un véritable trémolo ou roulement. Or, un timbalier qui ne sait pas faire le roulement serré dans toutes les nuances, n’est bon à rien.