Page:Bernard - Étude sur les marais de la Vendée et les chevaux de Saint-Gervais.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

moins avalé ; le rein court, la croupe double, les fanons moins abondants. Le pied, qui n’avait plus à parcourir un sol bourbeux, devenait moins large ; la corne en était de meilleure nature. C’est avec ces caractères qu’on nous représente le cheval poitevin en 1778.

Nous venons de passer succinctement en revue les modifications, les transformations du marais et du cheval mulassier ; maintenant que nous connaissons quelles ont été avant et après les dessèchements les influences du sol sur cet animal, nous allons aborder une autre phase de son histoire ; nous allons parler des croisements qu’il a subis et des tribulations qu’il a éprouvées pendant les guerres désastreuses dont la Vendée a été le théâtre.


HISTOIRE DE LA RACE (2e phase).


Influence des croisements avec les chevaux étrangers. ─ Le cheval poitevin de cette époque était donc une belle et bonne bête, aux formes potelées, tirant avec énergie de pesants fardeaux sur des chemins difficiles, et fournissant aux habitants du Gâtinais des mulassières remplissant toutes les conditions nécessaires pour ce mode de production. Mais l’avenir réservait au cheval mulassier une plus belle destinée ; il devait quitter ses modestes occupations de limonier pour briller dans les chasses, dans les combats, ou former de fringants attelages. Les progrès, la civilisation étaient rapides en France ; les routes percées devenaient plus praticables, on en construisait de nouvelles. Les moyens de transport exigeaient plus de vitesse ; aussi, le commerce demandait-il les bons carrossiers, qu’il payait grassement. L’armée, de concurrence avec le commerce, exigeait pour sa cavalerie des chevaux joignant la force à