Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1920.djvu/17

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dont l’un, celui de St-Nicolas, étalait ses douze rues au soleil, ni plus ni moins qu’une grasse truie en gésine ses douze mamelles. — J’avais galvanisé un cadavre et ce cadavre s’était levé.

« Dijon se lève ; il se lève, il marche, il court ! trente dindelles carillonnent dans un ciel bleu d’outremer comme en peignait le vieil Albert Dürer. La foule se presse aux hôtelleries de la rue Bouchepot, aux étuves de la porte aux Chanoines, au mail de la rue St-Guillaume, au change de la rue Notre-Dame, aux fabriques d’armes de la rue des Forges, à la fontaine de la place des Cordeliers, au four banal de la rue de Bèze, aux halles de la place Champeaux, au gibet de la place Morimont ; bourgeois, nobles, vilains, soudrilles, prêtres, moines, clercs, marchands, varlets, juifs, lombards, pèlerins, ménestrels, officiers du parlement et de la chambre des comptes, officiers des gabelles, officiers de la maison du duc : qui clament, qui sifflent, qui chantent, qui geignent, qui prient, qui maugréent,


religieux qui ne relevât de l’une ou de l’autre. Les sept églises de la ville étaient leurs filles, et chacune des deux abbayes avait en outre son église particulière. — L’abbaye de Saint-Étienne battait monnaie.