Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1920.djvu/193

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aigre ton vin ; tu mériterais, vassal, que je te brisasse ta gourde sur les oreilles. »

Le clerc du gai savoir approcha, sans mot dire, l’archet de son rebec et joua l’air magique de Jehan de Vitteaux.

Cet air eût délié les jambes d’un paralytique. Or voilà que le chevalier dansait sur la pelouse, son épée appuyée contre l’épaule comme un hallebardier qui va-t-en guerre.

« Merci ! nécromant » cria-t-il bientôt, hors d’haleine. Et il giguait toujours.

« Oui-dà ! payez-moi d’abord mon vin, ricana le musicien. Vos agneaux d’or, s’il vous plaît, ou je vous mène, ainsi dansant, par les vallées et les bourgs, au pas d’arme de Marsannay !

— « Tiens », — dit le chevalier, après avoir fouillé son escarcelle, et détachant son cheval dont les rênes étaient passées au rameau d’un chène — « tiens ! et que m’étrangle le diable si je bois jamais à la calebasse d’un vilain ! »

Pièces détachées

LA NUIT D’APRES UNE BATAILLE

Et les corbeaux vont commencer. VICTOR HUGO.

I

Une sentinelle, le