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Les druides, imposteurs grossiers, faits pour le peuple qu’ils gouvernaient, immolaient des victimes humaines qu’ils brûlaient dans de grandes et hideuses statues d’osier. (Voltaire.)
Les bonzes, les bramines, les faquirs, se dévouent à des pénitences effrayantes. (Id.)
Le Suisse, naturellement froid, paisible et simple, mais violent et emporté dans la colère, boit du laitage et du vin. (J.-J. Rousseau.)
Le pape est le vicaire de Jésus-Christ en terre, le père commun des chrétiens. (Académie.)
Les jésuites étaient les souverains véritables du Paraguay, en reconnaissant le roi d’Espagne. (Voltaire.)
Moi-même ai vu, sous l’habit d’un chanoine. Un homme sage, et, qui plus est, savant. (Salentin.)
Cet hôte (l’amour) dans un cœur a bientôt fait son gite. (Regnard.)
Je vois bien que d’un bon valet
On ne saurait faire un bon maître. (Furetière.)
C’est outrager un nègre que de lui donner le nom de sévère, qui veut dire homme libre. (La Harpe.)
Du sein d’un prêtre ému d’une divine horreur, Apollon par des vers exhale sa fureur. (Boileau.)
Le ciel met sur le trône un prince qui vous aime. (Racine.)
Les druidesses plongeaient des couteaux dans le cœur des prisonniers, et Jugeaient de l’avenir à la manière dont le sang coulait. (Voltaire.)
Il n’y eut aucun asile consacré à la virginité en Asie ; les Chinois et les Japonais seuls ont quelques bonzesses. (Id.)
Nos Suissesses aiment assez à se rassembler entre elles. J.-J. Rousseau.
Nous donnâmes à la fille de la rue des Moineaux le nom de papesse Jeanne. (J.-J. Rousseau.)
Urbain VIII donna aux cardinaux le titre d’éminence. Il abolit les jésuitesses. (Voltaire.)
Dominique, il faudra ôter les housses de la chambre bleue, c’est là que doit loger madame la chanoinesse. (Mme de Chamilly.)
A l’heure dite il courut au logis
De la cicogne son hôtesse. (Lafontaine.)
La femme d’un charbonnier est plus respectable que la maîtresse d’un prince. (J.-J. Rousseau.)
Le nègre a sur le soldat l’avantage de ne point risquer sa vie, et de la passer avec sa négresse et ses négrillons. (Voltaire.)
Il n’est point de ville où l’on trouve autant de prêtresses qu’à Athènes. (Barthélémy.)
L’amour ne règle pas le sort d’une princesse. (Racine.)

Certains mots terminés au masculin par un e muet changent, comme on le voit, cet e en esse pour le féminin : prince, princesse.

EXERCICE PHRASÉOLOGIQUE[1].

Un Ange
Une Angesse.
Un Druide.
Une Druidesse.
Un Satyre.
Une Satyresse.
Borgne.
Borgnesse.
Centauresse.
Moine.
Moinesse.
Ogre.
Ogresse.
Centaure
Mulâtre.
Mulâtresse.
Prophète.
Prophétesse.
Evêque.
Evêchesse.
Pair.
Pairesse.
Comte.
Comtesse.
Doge.
Dogesse.
Pauvre.
Pauvresse.
Diable.
Diablesse.
Ivrogne.
Ivrognesse.
Sauvage.
Sauvagesse.
Drôle.
Drôlesse.
Ladre.
Ladresse.
Suisse.
Suissesse.
Pape.
Papesse.
Libraire.
Librairesse.
Sire.
Siresse.
Traître.
Traîtresse.
Maire.
Mairesse.
Tigre.
Tigresse.
Diacre.
Diaconesse.
Vicomte.

Vicomtesse.
  1. Nous devons faire observer que la plupart des mots contenus dans cet exercice ne peuvent se dire qu’ironiquement et dans le style comique. — C’est dans les intéressants Voyages en Italie de M. Valery, que nous avons trouvé les mots : angesse, centauresse et satyresse. Voici les passages qui renferment les deux derniers substantifs : — « A l’exception du sage Chiron, botaniste, musicien, astronome, précepteur d’Achille, l’honneur de son espèce, des centaures, des centauresses surtout respirent la folie, la licence. » Quelques détails des fresques de Jean de S. Giovianni, à Florence, sont bizarres : une satyresse élève en l’air des couronnes en signe de victoire. » — Borgnesse ne se dit d’une femme qu’en termes injurieux ; autrement on doit dire borgne : La princesse d’Evoli, qui fit de si grandes passions, était borgne. (De Ste-Foix). La même observation peut s’appliquer aux mots drôlesse et pauvresse. Quant à sauvagesse, il se trouve dans Trévoux : Les quatre chefs et la sauvagesse d’une des nations chinoises, furent présentés par leurs conducteurs et interprètes à la compagnie des Indes, dans le temps que l’assemblée de l’administration allait se tenir. Ce mot n’est guère usité aujourd’hui que par dérision. « Un petit Français, remarque M. de Chateaubriand, poudré et frisé comme autrefois, habit vert pomme, veste de droguet, jabot et manchettes de mousseline, en me parlant des Indiens, me disait toujours : Ces messieurs sauvages et ces dames sauvagesses. » Il n’est personne qui ne sente tout le ridicule d’une pareille expression. — Pour ce qui est du mot angesse, nous ne pensons pas qu’il puisse être admis, si ce n’est en plaisantant ; on doit dire une ange. Exemple : Il m’a parlé bien des fois, avec toute la candeur de ce sentiment passé, des troubles intérieurs, des tendresses inouïes que la vue de cette ange lui causait. (Boulay-Paty).