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LA BELLE MAGUELONNE.

que j'ai vue l'autre nuit, affin que vous reconfortez et que venez en espérance, car jamais personne ne se doit défier de dieu. Dont il m'estoit avis que mon- seigneur saint Pierre me venoit devant et menoit par

5 la main un moult noble beau jeune chevalier et me disoit: ,Cestuy est celuy pour lequel tu pries dieu, et seras retourné au conte et a la contesse; car nostre seigneur a ouy leurs oraisons et les tiennes.' Mon- seigneur *et vous Madame, ceci est chose que je ne

10 doy dire, mais je ne le fais pas pour gloire mondaine mais je le vous dy, car c'est vray, et pour vous donner aucun confort. Car je say que vous estes marris et dolens de l'absence de vostre fils. Et croyez seure- ment que devant qu'ils soient peu de jours j'ay es-

15 perance que vous le verrez vif et jo^^eux et vous prie humblement que faciez lever ces draps de dou- leurs noirs et en faites retourner qui soient de plaisir et de joye.

Quant le conte et la contesse ouyrent les paroles

20 de l'hospitalière furent grandement joyeux, nonobstant que ne pouvoient croire que Pierre ne fust mort. Toutesfois la remercièrent moult grandement et pour l'amour d'elle firent lever les draps de douleur et en mirent de joie. Et le conte et la contesse moult

25 prièrent l'ospitaliere que demourast illec. Mais le cueur ne luy pouvoit souffrir moult longuement sans son doux amy Pierre. Et leur dit qu'elle ne pouvoit,

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