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couvent des Cordeliers. Sur une table de marbre placée au-dessus de sa tombe, on lisait une épitaphe qui rappelait ses guerres et un pèlerinage d’outre-mer sur lequel nous possédons peu de détails : Hic sepelitus illustris dominus ac maximi nominis, bellicosus ac strenuissimus armorum miles, domimus Joannes de Hannonia dictus de Bellomonte… Hic reposuit magnum regem Eduardum e regno Angliæ propulsum, invitis Anglis, in proprio Angliæ regno, cum honore, et ipsum coronari fecit. Et alia multa ardua in diversis mundi partibus potenter executus est.

Jean de Beaumont encouragea les lettres. Il engagea Jean le Bel à écrire sa chronique, dont un exemplaire lui fut présenté et fut corrigé sous ses yeux par le châtelain de Waremme. Il est également permis de croire que ce fut sous ses auspices que Froissart, issu d’une famille de Beaumont, fixée à Valenciennes, se présenta, fort jeune encore, à la cour de la reine d’Angleterre. Les ménestrels honoraient aussi Jean de Beaumont comme un généreux protecteur[1].

Kervyn de Lettenhove.

BEAUMONT (Etienne Fallot DE),évêque de Gand, né à Avignon (France), en 1750, mort en 1807. Voir Fallot de Beaumont.

BEAUMONT SAINT-QUENTIN (E.-J. baron DE), homme de guerre. Voir Ghislain (Em.-J.), baron de Beaumont Saint-Quentin.

BEAUNEVEU (André) ou BEAUNEPVEU, sculpteur, à Valenciennes, ancien Hainaut, florissait en 1364-1390. Les dates de sa naissance et de son décès sont ignorées, et l’on a peu de détails biographiques sur cet artiste « maistre ouvrier de thombes. » Les notions authentiques fournies par les anciens documents prouvent que son talent tout spécial de sculpteur de sarcophages, était fort apprécié de son temps. Sa réputation avait eu du retentissement, puisque le comte de Flandre, Louis de Male, le choisit, en 1374, pour exécuter le mausolée qu’il avait résolu de se faire ériger dans la chapelle de Sainte-Catherine, à Courtrai. Cet oratoire comtal, où il avait, par un testament de cette époque, élu sa sépulture, fut construit à l’extrémité de l’abside méridionale de la collégiale de Notre-Dame, et existe encore aujourd’hui. Il fut successivement décoré de portraits en pied, de grandeur naturelle, des comtes et comtesses de Flandre, successeurs de Louis de Male, jusques et y compris Charles II, roi d’Espagne, peints dans des compartiments de style gothique qui conservent de curieux vestiges de ces portraitures. La charte de fondation, datée de Gand, le pénultième jour de mai 1374, contient la mention de l’élection de sépulture et de la dédicace de la chapelle à sainte Catherine, en mémoire du jour patronal de la naissance de Louis de Male. Le dessin de la tombe fut fait par Jean van Hasselt, peintre en titre du comte et de son successeur, Philippe le Hardi, pour lequel il peignit le tableau d’autel de l’église des Cordeliers, à Gand, en 1385, et effectua des peintures décoratives dans sa résidence de la cour du prince, en la même ville. Le monument funéraire, en marbre et albâtre, devait être surmonté de la statue de Louis de Male et orné de statuettes latérales en cuivre doré ; il ne parvint jamais à sa destination : on croit que l’artiste mourut avant l’achèvement de son œuvre. Les pièces de comptabilité qui en mentionnent les payements, s’arrêtent à la fin de 1374. Des lacunes s’étendent de novembre de cette année à mars 1379, et dans les comptes subséquents, il n’est plus parlé de ce mausolée. Louis de Male mourut à l’abbaye de Saint-Bertin, en janvier 1384, et ses obsèques eurent lieu dans l’église de Saint-Pierre, à Lille, où un magnifique tombeau lui fut érigé par Philippe le Bon, en 1455.

M. Alex. Pinchart, se basant sur un inventaire des objets mobiliers du château de Lille, dressé en 1388, pense qu’il y avait là des pièces et des statues du sarcophage primitif de Louis de Male ; il présume aussi que le sculpteur les y avait travaillées, et laissé le monument inachevé.

  1. M. Vanden Berghe attribue à Jean de Beaumont une lettre qu’il a publiée dans ses Gedenkstukken, I, p. 160. Il m’est impossible de me rallier à cette opinion.