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VIE ET ŒUVRE

passions les plus fortes, mais là il était retenu par cette règle de l’honneur : « Ne jouer qu’avec des riches, » c’est-à-dire avec ceux à qui le gain ou la perte ne cause aucun préjudice matériel ou moral : l’humiliation ou la ruine. Souvent, n’ayant pas la force de se dominer, il s’abandonnait au désespoir, mais ensuite reprenant courage il notait dans son journal :

« Je vis tout à fait bestialement, bien que pas complètement dans la débauche. J’ai abandonné presque toutes mes occupations, et je suis tout déprimé. »

Sentant la gêne d’argent, il eut même l’idée d’une entreprise commerciale. Il voulait affermer le relais de poste de Toula. C’était à la fin de 1850. Par bonheur cette affaire manqua et il s’évita ainsi beaucoup de calamités qu’aurait pu lui apporter une occupation aussi étrangère à lui. En réfléchissant à ses insuccès il écrit un jour dans son journal :

« Voici les causes de mes erreurs : 1o l’indécision, c’est-à-dire le manque d’énergie ; 2o la duperie de soi-même ; 3o l’impertinence ; 4o la fausse honte ; 5o la mauvaise humeur ; 6o le désordre ; 7o l’esprit d’imitation ; 8o la versatilité ; 9o l’irréflexion. »

L’hiver 1850-1851, il passa la plupart de son temps à Moscou, d’où il écrit souvent à sa tante, à Iasnaia, lui racontant les divers détails de sa vie. Dans une lettre il décrit ainsi son appartement, et, en général, l’extérieur de sa vie :

« Il se compose de quatre chambres, une salle à