Page:Bizet - Lettres à un ami, 1909.djvu/116

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Je n’ai pas vu G. depuis trois semaines. Que devient-il ? … J’arrive à votre quatuor.

Je l’ai lu attentivement. Voici mon opinion sincère. Je vous dois la vérité, ou, du moins, ce que je crois être la vérité : au point de vue de la forme, de l’entente des instruments, etc., rien à dire, c’est très expérimenté ; au point de vue de l’idée, mon cher ami, c’est faible, c’est vieux.

Vous savez votre affaire, mais il ne faut plus écrire que des choses senties, et je doute que vous ayez senti votre travail. C’est un devoir, ce n’est pas de la musique. Vous voilà arrivé, vous êtes compositeur ; la fugue va vous développer, mais avec la fugue, il faut chercher à créer des œuvres d’imagination.

Pardonnez-moi ma sincérité, mais mon rôle d’ami ne me permet aucune tergiversation. Du reste, mon jugement ne doit pas vous décourager. Vous avez voulu faire un travail profitable à vos progrès, et vous avez réussi.