Page:Bizet - Lettres à un ami, 1909.djvu/203

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la tranquillité, l’ordre, la paix ! Aujourd’hui, il s’agit de sauver le pays ! Mais après ? …

Et notre pauvre philosophie, et nos rêves de paix universelle, de fraternité cosmopolite, d’association humaine ! … Au lieu de tout cela, des larmes, du sang, des monceaux de chair, des crimes sans nombre, sans fin !

Je ne puis vous dire, mon cher ami, dans quelle tristesse me plongent toutes ces horreurs. Je suis Français, je m’en souviens, mais je ne puis tout à fait oublier que je suis un homme.— Cette guerre coûtera à l’humanité cinq cent mille existences. Quant à la France, elle y laissera tout ! …

Écrivez-moi à Paris, mon cher ami, dites-moi votre situation, car nous sommes inquiets de vous.

Votre ami dévoué.

Août 1870.

Mon cher ami,

On crie dans la rue la mort du prince Frédéric-Charles,