Page:Bizet - Lettres à un ami, 1909.djvu/43

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tant ou soulignant les détails et les contre-chants. D’ailleurs, il possédait à un tel degré l’art de faire vibrer le piano dans toutes les portions à la fois de son étendue et d’en varier les timbres, qu’il rendait admirablement, sans le secours de la voix, les réductions d’orchestre telles que la Marche Nuptiale du Songe d’une Nuit d’été de Mendelssohn, et qu’il éveillait l’idée de l’orchestre même dans des œuvres écrites pour piano comme la Marche Funèbre nº 3 du cinquième recueil, op. 62, des Romances sans paroles, du même auteur. Il pensait aussi que, pour approfondir et perfectionner un morceau, il fallait l’apprendre par cœur. Sa mémoire, d’ailleurs, était extraordinaire, et il pouvait composer de longs ouvrages sans en écrire une note.

Quant à ce qui est de l’orchestration elle-même, il jugeait qu’elle gagnait en n’étant pas touffue. Comme je louais un jour celle d’un compositeur dont quelques effets particuliers m’avaient séduit, il m’interrompit pour critiquer l’ensemble de ses procédés : « Non, soutint-il,