Page:Bizet - Lettres à un ami, 1909.djvu/86

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Votre pauvre G. me désole. Je comprends toute la tristesse de sa situation et voudrais pour beaucoup pouvoir lui être bon à quelque chose. Quel temps de bêtise et d’égoïsme !

Je travaille énormément. Je viens de faire au galop six mélodies pour Heugel. Je crois que vous n’en serez pas mécontent. J’ai bien choisi mes paroles : les Adieux à Suzon d'A. de Musset ; À une fleur, du même, le Grillon de Lamartine (un peu Saint-Georges), un adorable Sonnet de Ronsard, une petite mièvrerie gracieuse de Millevoye, et une folle guitare de Hugo.

Je n’ai pas supprimé une strophe, j’ai tout mis. Ce n’est pas aux musiciens à mutiler les poètes.

Mon opéra, ma symphonie, tout est en train. Quand finirai-je ? Dieu ! que c’est long, mais comme c’est amusant ! Je me mets à adorer le travail ! Je ne vais plus qu’une fois par semaine à Paris[1], j’y fais mes affaires strictement, et je reviens au galop.

Je ne me reconnais plus ! Je deviens sage !

  1. Voir la note p. 74.