Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/104

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devait pas le parti féodal ? Que de bénédictions ne devait pas attirer sur la couronne, de la part des royalistes, s’il y en avait eu de sincères, un service aussi éclatant ?

D’ailleurs, il venait de naître un fils à la duchesse de Berri, comme pour prouver que la main de Louvel s’était égarée en frappant, et que la Providence se rangeait du côté de la monarchie. Qu’il y ait folie à croire aux dynasties impérissables, quand leur avenir repose sur la tête d’une petite créature vagissante et frêle, sans doute ; et certes, depuis que Vienne gardait le fils de Napoléon, il n’était plus permis à personne de mettre en doute la puérilité de la gloire et l’impuissance de la force. Mais tel est l’imbécille orgueil des grands de la terre, que cet orgueil abaisse leur intelligence au-dessous de la plus vulgaire philosophie. il semblait donc que la naissance du duc de Bordeaux dût entourer la royauté d’un nouveau prestige.

Ajoutez à cela que les ministres mirent tout en œuvre pour gagner l’aristocratie. Il était naturel que, dans le nouveau système, les élections lui assurassent l’avantage ; et c’est ce qui avait eu lieu. Les élections de 1820 n’avaient donné à la bourgeoisie qu’un fort petit nombre de représentants, et avaient enfanté une chambre tout aussi féodale que celle de 1815. M. de Richelieu, pour se rendre cette chambre favorable, appela aussitôt à lui les hommes qu’elle protégeait. Il mit M. de Corbière à la tête du conseil