Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/114

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dans leurs demeures au maniement des armes ; plus d’une fois on fit l’exercice sur un parquet recouvert de paille. Et pendant que cette singulière conspiration s’étendait, protégée par une discrétion sans exemple, et nouant autour de la société mille invisibles liens, le gouvernement s’endormait dans l’ombre !

Les fondateurs de la charbonnerie, on l’a vu, étaient des jeunes gens obscurs, sans position officielle, sans influence reconnue. Quand il fut question pour eux d’agrandir leur œuvre et de jeter sur la France entière le réseau dont ils avaient enveloppé tout Paris, ils se recueillirent, et se défièrent d’eux-mêmes. Il existait alors un comité parlementaire dont M. de Lafayette faisait partie. Lié intimement avec le général, M. Bazard demanda un jour à ses amis l’autorisation de lui confier le secret de leurs efforts. Les objections ne pouvaient manquer : pourquoi cette confidence que le caractère facile de Lafayette rendait pleine d’inconvénients et de périls ? S’ils consentait à entrer dans la charbonnerie, et à y porter, ainsi que tous, sa tête comme enjeu…, à la bonne heure… ! Lafayette, averti, n’hésita pas ; il entra dans la haute-vente, et parmi ses collègues de la chambre, les plus hardis le suivirent. Les directeurs de la charbonnerie se trompaient s’ils jugèrent cette adjonction indispensable. Les charbonniers ayant toujours ignoré de quelles mains partait l’impulsion qui leur était donnée, ils n’a-