Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/133

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L’expédition réussit néanmoins. Mais sa condamnation se trouva dans son succès même. Que dut penser M. de Chateaubriand, lorsqu’il apprit que le poignard des séïdes de Ferdinand VII menaçait les libérateurs de ce monarque ; lorsqu’il lut l’ordonnance d’Andujar ; lorsqu’il ne lui fut plus permis de douter que la France s’était fait plus d’ennemis parmi ceux dont elle avait servi la cause que parmi ceux qu’elle avait combattus ; lorsqu’il vit, enfin, M. Pozzo-di-Borgo partir pour Madrid, et Ferdinand VII s’incliner devant l’influence de la Russie à laquelle il ne devait rien, après avoir repoussé celle de la France à laquelle il devait tout ?

Quoi qu’il en soit, le retour triomphant du duc d’Angoulême frappait la bourgeoisie de consternation. Et cela seul fut remarqué. Or, dans cette guerre entreprise contre le vœu du pouvoir royal, et par l’ascendant du pouvoir parlementaire, n’y avait-il de remarquable que le désappointement d’un parti  ? Pour quiconque serait allé au fond des choses, n’était-il pas manifeste que le droit de paix et de guerre venait d’être conquis sur la couronne ?

Ce fut, pourtant, du sein de cette défaite inaperçue, mais réelle, du principe monarchique, que M. de Villèle fit sortir l’étrange idée de la septennalité. M. de Villèle ne comprenait donc pas qu’en donnant à la chambre une existence de sept années, il lui assurait plus de consistance et de relief ?