Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/138

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peuples. Quand Louis XVIII ordonnait qu’on dansât à la cour à la même heure où le fossoyeur recevait des mains du bourreau les corps sanglants des quatre soldats de La Rochelle, Louis XVIII prenait sa revanche des victoires de la chambre. Il y avait fête au château, parce qu’au milieu des humiliations de la royauté, l’atrocité impunie de cette fête ressemblait à de la force. Chassé de partout, l’orgueil du monarque s’était réfugié dans cette fanfaronnade sauvage.

Mais un système de transactions, aboutissant à de telles conséquences, aurait-il long-temps préservé la monarchie de sa ruine ? Éluder sans cesse l’antagonisme des deux pouvoirs, était-ce le détruire ? et chaque tentative nouvelle pour l’éluder n’allait-elle pas à user le principe monarchique et à l’avilir ? « Que mon frère ménage la couronne de cet enfant. » Eh ! comment Charles X l’aurait-il longtemps ménagée, en présence de cette autorité parlementaire, si jalouse, si indomptable ? Elle avait changé souvent de possesseurs depuis 1814 : avait-elle changé de nature ? Non, non. La chambre de 1815, toute féodale, n’avait pas plus ménagé le pouvoir royal que la chambre toute bourgeoise de 1817 ; et la loi du double vote avait été, comme celle du 5 février, une machine de guerre dirigée contre le trône.

S’il eût été possible que ta société vécût, ainsi partagée entre l’autorité d’un roi et celle d’une as-