Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/139

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semblée ce phénomène se serait certainement produit sous le règne de Charles X.

Qu’on se reporte, en effet, au moment de la mort de Louis XVIII. Le parti qui alors dominait dans la chambre, ne voulait-il pas, sur toutes choses, que la grande propriété fût reconstruite ; que les corporations religieuses fussent rétablies ; qu’une existence indépendante et somptueuse fut rendue aux nobles ; que la centralisation fit place au régime des influences locales ? Ces tendances si essentiellement contraires à la monarchie, ces tendances qui attaquaient l’œuvre laborieuse commencée par Louis XI et continuée par Louis XIV, c’étaient précisément celles de Charles X. Charles X n’était guère en état de comprendre que la monarchie avait grandi en France par l’abaissement graduel de la noblesse, par l’aliénation des terres féodales, par l’affaiblissement insensible du régime de primogéniture et de substitution, par le discrédit des dictatures sacerdotales, par la décentralisation surtout. Dans son ignorance, il croyait fortifier la monarchie alors qu’il ne faisait que raviver de son mieux la féodalité. Louis XI pour être roi, avait cessé d’être gentilhomme. Charles X, par ses idées, était beaucoup plus gentilhomme que roi.

Il arriva donc qu’à la mort de Louis XVIII le pouvoir électif et le pouvoir royal se trouvèrent réunis par une étroite communauté de sentiments et de vues.