Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/144

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trône est la première de toutes les propriétés privées, et ne saurait être placé par conséquent sous une sauvegarde plus sûre que celle d’une milice bourgeoise. Mais, apprenant que la majesté royale venait d’être insultée, la duchesse de Berri et la dauphine firent prévaloir les inspirations de leur dépit sur les conseils de la raison, et la garde nationale licenciée laissa libre la route qui devait bientôt conduire jusqu’au trône le peuple déchaîné.

À tant de périls, M. de Villèle n’avait plus à opposer que la chambre. Malheureusement pour lui et pour la monarchie, cette féodalité parlementaire, d’abord si ferme dans sa voie, en était venue à chanceler sur elle-même comme un homme ivre. On avait licencié la garde nationale, il fallut dissoudre la chambre. La tempête soufrait de tous les côtés à la fois.

L’incompatibilité absolue des deux pouvoirs était prouvée, cette fois, d’une manière, éclatante et décisive. Ce roi, ces ministres, cette chambre, n’avaient-ils pas voulu les mêmes choses ? N’avaient-ils pas marché de concert à l’accomplissement des plus hardis projets ? Ils en étaient pourtant au point de ne pouvoir plus s’entendre ! Une nouvelle chambre fut convoquée, et les élections commencèrent.

M. de Villèle crut que, pour rester ministre, il n’aurait qu’à changer de système. Mais un roi féodal se résignerait-il à mettre sa couronne