Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/145

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aux pieds d’une assemblée de robins et de marchands ?

On n’a pas oublié quelle fut, durant le cours des élections, l’anxiété des âmes. Une émeute avait éclaté dans Paris, quand il avait été question pour la bourgeoisie de perdre l’instrument politique : une émeute éclata, quand il fut question pour elle de le reconquérir. Le sang coula donc sur le pavé de la rue Saint-Denis. Les deux partis s’accusèrent réciproquement ; c’est l’usage. Il paraît en effet que, si la police ne fit pas naître les troubles, elle y poussa. Voyez-vous d’ici des hommes foulés aux pieds des chevaux, ou saignant sous le sabre des gendarmes, pour aider au triomphe de tel candidat de la droite ou de la gauche ! Cela s’appelle de la politique, l’art de régner, que sais-je ? Pour moi, je crois peu, en politique, à l’efficacité de ces machinations. On blasphème Dieu, en faisant dépendre de quelques plates roueries le destin des empires et le lendemain des peuples.

Les élections eurent le résultat prévu. Elles portèrent à la chambre deux partis : le plus fort des deux était celui des intérêts nouveaux. M. de Villèle aurait consenti à le servir, peut-être ; mais, pour se faire accepter, il avait à braver plus de haines qu’il n’en avait dû soulever pour se maintenir. Il tomba, entraînant dans sa chute des collègues qui comme MM. de Peyronnet et de Corbière, étaient encore plus compromis que lui-même. Or,