Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/152

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encore une fois verser pour sa querelle le plus pur de leur sang. Et on verra si la reconnaissance fut égale au service !

De tels résultats sont tristes à constater sans doute et l’historien qui écrit de semblables lignes a besoin de quelque courage pour imposer silence à son cœur. Quoi ! ces luttes dévorantes des hommes entre eux ! quoi ! ces générations qui l’une l’autre se poussent, en gémissant, vers un but toujours incertain et toujours désiré ! quoi ! les combats sur terre et sur mer, les débats des assemblées, les intrigues des cours, les conspirations, les égorgements ! quoi ! ces agitations sans nombre qui changent la révolte en domination, et en désespoirs mortels les plus hautaines espérances ! quoi ! tout cela pour aboutir, dans l’histoire des grandes douleurs et des grands crimes, à je ne sais quelles variantes misérables ! Dans ces formes qui éternellement varient, qu’ai-je vu jusqu’ici ? une tyrannie éternelle. Et dans la diversité des choses je n’ai découvert que le mensonge obstiné des mots. Étrange et cruel mystère ! à quelle fatalité orageuse sommes-nous donc voués ? Que d’efforts sans aboutissement ! Depuis l’origine des sociétés, que d’énergie perdue sur la terre ! Les peuples seraient-ils condamnés à tourner sans relâche dans les ténèbres, semblables à ces chevaux aveugles, créateurs assidus d’un mouvement qu’ils ignorent ? car enfin que valent les évolutions de l’humanité dans l’his-