Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/170

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offerte aux lèvres mourantes de la marquise de Polastron, sa piété s’était empreinte d’exaltation et de mélancolie, mais ce n’en était pas moins une piété naïve, sans profondeur, sans portée, et qui assurait au catholicisme déchu un genre de protection plus fastueux qu’héroïque. Il tenait aux vieilles idées, mais faute d’intelligence pour les juger et de force pour s’en défendre. Il courait après l’agrandissement de son autorité, mais pour en consacrer le principe beaucoup plus que pour en étendre l’usage. Les petites âmes se complaisaient dans la majesté du commandement ; seules, les âmes viriles en recherchent la puissance. Le despotisme a sa gloire, puisqu’il a ses orages : Charles X n’était même pas capable de s’élever jusqu’à la tyrannie. Il disait souvent : « On pilerait tous les princes de la maison de Bourbon dans un mortier, qu’on n’en tirerait pas un grain de despotisme. » Il disait vrai. La dictature, que d’autres auraient poursuivie par excès d’activité ou de vouloir, il ne la convoitait, lui, que par paresse. Aussi humain que médiocre, s’il voulait que son pouvoir fût absolu, c’était pour être dispensé de le rendre violent. Car il n’y avait en lui rien d’énergique, pas même son fanatisme, et rien de grand, pas même son orgueil.

Quoi qu’il en soit, Charles X avait pris son parti, et dans sa pensée la guerre d’Alger se liait de plus en plus au mesures qui, suivant lui, devaient mettre la royauté hors de page. Les représentations l’Angleterre furent donc dédaignées. De là une dépêche ministérielle adressée le 12 mars à notre ambassadeur à Londres, M. de Laval.