Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/176

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Le 16 mai, jour où la flotte devait appareiller de Toulon, la chambre, qui n’avait été que prorogée, fut dissoute. La lutte se déclarait de plus en plus : deux ministres, qui en prévoyaient le dénouement, se retirèrent. C’étaient MM. de Chabrol et Courvoisier. Il fallait les remplacer. Or, depuis quelque temps M. de Chantelauze était désigné au roi, comme un homme capable, résolu, et entièrement dévoué aux intérêts de la monarchie. Le Dauphin, à son retour de Toulon, avait eu avec lui, avant de se rendre à Paris, un entretien sérieux, et lui avait fait de vives instances. M. de Chantelauze mit à son entrée au pouvoir deux conditions ; la première qu’on appliquerait l’article 14 de la Charte, la seconde que M. de Peyronnet aurait place au conseil. Le portefeuille de l’intérieur fut donc offert à M. de Peyronnet, et lorsque le prince de Polignac lui dit : « Songez que nous voulons appliquer l’article 14, » M. de Peyronnet répondit : « C’est mon opinion. »

M. Capelle, qui s’était acquis, en matière d’élections, une grande réputation de dextérité, fut aussi appelé à faire partie du conseil, et comme il n’y avait pas de portefeuille vacant, on créa pour lui le ministère des travaux publics.

La cour marchait évidemment à un 18 brumaire. La bourgeoisie tremblait à la seule pensée d’un 10 août. Menacés par ces deux sortes de révolutions, également redoutées par eux, les libéraux se réfugièrent dans le privilège électoral dont ils jouissaient, ils s’armèrent de la légalité, ils invoquèrent la Charte, ils déployèrent, en un mot, cette violence