Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/186

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importante sinon décisive. Elle avait donc peu de chose à désirer. Ce qu’elle voulait, elle le demandait avec fougue ; mais l’hostilité de son attitude dépassait évidemment la portée de ses prétentions. Une réduction appréciable dans les dépenses publiques, et dans le cens électoral une diminution légère ; la suppression des Suisses et de quelques états-majors trop fastueux, une presse moins sévèrement surveillée, le rétablissement de la garde nationale : voilà tout ce que lui paraissait réclamer le soin de ses intérêts.

Quant à ses passions, elles manquaient trop complètement de grandeur pour la pousser aux extrêmes. La bourgeoisie abhorrait les nobles, parce qu’elle se sentait humiliée par la supériorité de leurs manières et le bon goût de leur vanité ; le clergé, parce qu’il aspirait à une domination temporelle et faisait cause commune avec les nobles ; le roi, parce qu’il était le protecteur suprême des nobles et du clergé. Mais la vivacité de ces répugnances était tempérée chez elle par une crainte excessive du peuple et par des souvenirs effrayants. Au fond, elle aimait dans la monarchie un obstacle permanent am aspirations démocratiques ; elle aurait voulu asservir la royauté sans la détruire. Ainsi, tourmentée de sentiments contraires, furieuse et tremblante, placée, en un mot, dans cette alternative, ou de subir un régime de cour, ou de déchaîner le peuple, elle hésitait, se troublait, ne sachant ni se résigner ni agir.

Cependant quelques esprits inquiets avaient émis des idées singulières. On avait comparé les Bourbons