Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/195

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apprit qu’il était allé à Saint-Cloud dans la journée ; qu’il avait cherché à entretenir Charles X des appréhensions du roi d’Angleterre, dont il avait reçu confidence ; mais que, pour l’éloigner du monarque, tout avait été mis en œuvre par les familiers du château, qu’il avait dû en conséquence quitter Saint-Cloud, et qu’il concluait de l’accueil qu’il venait de recevoir l’imminence d’une catastrophe.

« Jouez à la baisse, ajouta-t-il, on le peut. »

Le 24, en effet, les ministres avaient tenu conseil à Paris, et le sort de la monarchie en France y avait été discuté pour la dernière fois.

Aucun des ministres ne mettait en doute la nécessité d’un coup d’état. La proposition en avait été faite formellement au conseil par M. de Chantelauze, dans les premiers jours de juillet[1]. Sortir audacieusement de la légalité était le but que M. de Polignac s’était proposé. MM. d’Haussez et de Chantelauze avaient presque fait de l’adoption des mesures les plus vigoureuses la condition de leur entrée au ministère. Mais sur l’opportunité du coup d’état, M. de Guernon-Ranville élevait plus que des doutes. « Les élections, disait-il, ont prononcé contre nous. N’importe. Laissons la chambre s’assembler. Si, comme il est probable, elle refuse son concours, il restera démontré aux yeux de l’Europe que c’est elle qui rend le gouvernement impossible. La responsabilité d’un budget refusé ne sau-

  1. Tous les ministres furent unanimes sur la nécessité des ordonnances et sur le droit de les rendre. M. de Rainville, seul, désirait qu’on en ajournât l’exécution de quelques semaines. Ce n’était qu’une question de temps.
    (Note manuscrite de M. de Polignac.)