Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/21

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rences de Châtillon-sur-Seine ne doivent pas être oubliées : c’était la pensée de la paix au milieu de toutes les fureurs de la guerre. Sans doute Napoléon refusa de laisser réduire la France à ses anciennes limites ; sans doute il crut de son devoir de défendre l’héritage de la république, aussi long-temps qu’une épée lui resterait dans la main. « Quoi ! s’écria-t-il lorsqu’il reçut de Châtillon le protocole du 7, quoi ! on veut que je signe un pareil traité ! que je foule aux pieds mon serment de maintenir l’intégrité du territoire de la république ! Des revers inouïs ont pu m’arracher la promesse de renoncer aux conquêtes que j’ai faites, mais que j’abandonne aussi celles qui ont été faites avant moi ; que je viole le dépôt qui m’a été remis avec tant de confiance ; que, pour prix de tant d’efforts, de sang et de victoires, je laisse la France plus petite que je ne l’ai trouvée : jamais[1] ! » Y avait-il excès d’orgueil en de telles paroles ? Qui l’oserait prétendre après avoir lu les bulletins de la prodigieuse campagne de 1814 ? Car jamais ce soldat inévitable ne s’était montré si terrible. Les alliés écrasés à Champaubert, à Montmirail, à Montereau, à Craonne, c’était assez pour que Napoléon eût le droit de dire en parlant des envahisseurs de la patrie : « Je suis plus près de Munich qu’ils ne le sont de Paris. » Mais dans cette ville dont les femmes, comme celles de Sparte, n’avaient pas vu

  1. Manuscrit de mil huit cent quatorze, page 110, par le baron Fain.