Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/231

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venaient du théâtre du Vaudeville, où l’on avait joué, quelques jours auparavant, le Sergent Mathieu, pièce qui avait exigé l’armement d’une compagnie d’acteurs. M. Charles Teste distribua ces armes et ces Uniformes dans sa maison, surnommée La petite Jacobinière. Les élèves de l’École polytechnique, de leur côté avaient, pendant la nuit, forcé les salles d’escrime et enlevé les fleurets dont ils firent sauter les boutons et aiguisèrent les lames sur les dalles des corridors[1]. Ayant appris vers dix heures du matin l’ordonnance qui licenciait l’École, ils en étaient sortis, portant pour la plupart l’uniforme de grande tenue. Des cris de Vive l’École polytechnique ! les accueillirent dans la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Ils répondirent par les cris de Vive la Liberté ! Vive la Charte ! Et l’un d’eux élevant son chapeau en l’air, en arracha la cocarde blanche, la foula aux pieds, et fit retentir ce cri terrible : À bas les Bourbons ! Cet exemple fut promptement suivi. Mais l’École se dispersa, et les efforts des élèves devinrent à peu près individuels ; il en résulta que beaucoup purent être retenus par leurs familles ou leurs correspondants ; de sorte qu’au lieu de deux cent cinquante qui, n’étant point légitimistes, auraient pris part au combat, soixante seulement combattirent.

Vers dix ou onze heures, MM. Charras et Lothon se présentèrent chez Lafayette on leur dit qu’il était absent. Une autre députation, qui les avait précédés, avait reçu du général cette étrange réponse :

  1. Sous la Restauration, les élèves de l’École polytechnique étaient sans armes, à l’exception des sergents, qui portaient l’épée.