Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/264

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circonstances pour mieux se mettre en mesure de les dominer plus tard ; que cette politique avait été celle de Mazarin, et jusqu’à un certain point, celle de Richelieu lui-même. Charles X ne cacha point la répugnance qu’il éprouverait à ruser avec la révolte. D’ailleurs, il croyait la force de son côté, et il parla du triomphe inévitable de sa volonté avec tant d’assurance, que le baron fut un moment convaincu. Mais quand, le soir, il rentra dans Paris, à travers des barricades ensanglantées et au bruit de la fusillade, il jugea que la voix des courtisans, toujours menteuse, endormait le malheureux roi sur les bords d’un abîme. Il revit le docteur Thibault qui lui remit, non pas précisément de la part du général Gérard, mais en son nom, un lambeau de papier, sur lequel étaient écrits deux noms : ceux de MM. de Mortemart et Gérard. Le baron de Vitrolles se chargea d’aller le lendemain à Saint-Cloud proposer au roi les deux ministres qui venaient d’être désignés. Et telle fut l’origine de ce ministère Mortemart, qui devait être si vite emporté par la tempête.

Pendant que Charles X ne songeait qu’à répandre autour de lui sa sécurité fatale, un projet hardi se tramait presque sous ses yeux dans l’appartement de Mme de Gontaut. Convaincu de l’impuissance du vieux monarque à défendre sa dynastie, le général Vincent avait résolu de sauver la royauté, sans le roi, à l’insu du roi, et, s’il le fallait, malgré le roi. Il se’rendit auprès de Mme de Gontaut et lui exposa que, dans l’état des choses, le sort de la monarchie dépendait d’une résolution héroïque. Il lui propo-