Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/27

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une position de laquelle dépendait le succès de la bataille de Paris : il ne pût rien obtenir.

Ce qui suivit, on le sait et dans quelle âme française un tel souvenir aurait-il pu s’éteindre ? On sait que le 6e corps, qui ne comptait guère que cinq mille hommes, détendit avec un étonnant héroïsme ce Paris, cœur et cerveau du monde. On sait qu’en chargeant à la baïonnette l’ennemi qui avait déjà envahi la grande rue de Belleville, le duc de Raguse eût son chapeau et ses habits percés de balles. Mais déjà le roi Joseph avait autorisé les maréchaux Mortier et Marmont à capituler ; et ce fut le soir, vers cinq heures, dans une pauvre auberge de la Villette, que fut dressé le programme des funérailles de l’Empire.

Ce qui est moins connu, c’est que de retour dans son hôtel, et avant la ratification de la convention fatale dont les bases venaient d’être posées, le duc de Raguse resta quelque temps en proie à une douloureuse hésitation. Or, cette hésitation, qui la vainquit ? Des représentants de la banque et du haut commerce. Je n’accuse point ici M. Jacques Laffitte. L’histoire lui doit cette justice que, le lendemain même de la Restauration, il montait à la brèche sur laquelle il est resté pendant quinze années ; mais enfin M. Laffitte eut le malheur, dans la soirée du 30 mars 1814 d’accompagner M. Perregaux chez le duc de Raguse ; il eût le malheur de paraître dans ce salon vert où le cœur de Marmont