Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/277

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sincérité de ces renseignements ne tarda pas à être vérifiée. Des ouvriers arrivèrent poussant de grands cris et traînant un homme du peuple qu’ils avaient arrêté aux barrières, et qu’ils avaient trouvé porteur d’un paquet soigneusement cacheté. Cet homme, interrogé, se réclama de M. de Lœveinhielm. Le papier saisi sur lui était une dépêche de l’ambassadeur de Suède au cabinet de Stockolm, M. Baude prit la dépêche et, sans en avoir rompu le cachet, la renvoya sur le champ à l’ambassadeur. M. de Loeveinhieim, touché de la générosité de ce procédé, ou, peut-être, curieux de visiter le bivouac d’une révolution dont il n’avait fait qu’entendre le bruit, se rendit en toute hâte à l’Hôtel-de-Ville. Il dit à M. Baude que rien n’égalait le respect qu’avait inspiré au corps diplomatique la conduite, à la fois si énergique et si sage, des Parisiens, et il ajouta qu’à la cour de Suède, dans tous les cas, la nouvelle de ces prodigieux événements ne serait pas probablement mal accueillie. Ce langage, dans la bouche de M. de Lœveinhielm devait paraître d’autant moins suspect, que Bernadotte nourrissait depuis long-temps d’ambitieuses espérances. En le tirant d’un camp pour le placer sur un trône étranger, la fortune avait enflé son cœur à ce point, qu’il avait rêvé la couronne de France. La chûte des Bourbons était une catastrophe dont il s’était préparé secrètement à tirer profit mais les événements devaient marcher plus vite que sa pensée.

Il y avait deux gouvernements militaires dans Paris : auquel des deux allait rester le pouvoir ? Tout espoir de conciliation était alors chimérique.