Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/297

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un découragement invincible avait gagné les troupes. Quelques soldats avaient pu voir, de la place Vendôme, rouler le flot de fuyards venant du Louvre, dont l’occupation par le peuple n’était déjà plus ignorée dans les rangs. Une défection était imminente. Le général Wall ayant aperçu M. Auguste Billiard, poussa son cheval vers lui et lui dit : « Monsieur, connaissez-vous Casimir Périer ? Il importe de le prévenir sans retard que le roi désire lui parler. » M. Billiard courut chez Casimir Périer : il était absent.

La nouvelle d’un armistice conclu entre lui et Charles X se répandait avec rapidité. Des agents inconnus la colportaient dans les groupes et engageaient vivement le peuple à mettre bas les armes. D’autres citoyens conjuraient, au contraire, les insurgés de se défier de ces discours et de ne quitter le champ de bataille qu’après la victoire. Tel fut notamment le langage que tinrent au peuple, à quelques pas de la rue de la Chaussée-d’Antin, MM. Bérard et Dupin aîné. L’ardeur de ce dernier était extrême et démentait singulièrement l’attitude qu’il avait gardée jusqu’alors, soit que le spectacle des Parisiens victorieux eût enflammé son imagination mobile, soit qu’il voulût se faire pardonner de n’avoir pas cru au succès, en s’y associant d’une manière bruyante. Quoi qu’il en soit, ce furent les excitations belliqueuses qui l’emportèrent ; on s’indigna contre ceux qui venaient parler d’accommodement, au milieu des victimes de l’obstination royale. Un mouchoir blanc, agité par un homme qui parcourait à cheval le boulevard, mit le comble