Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/305

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donner, le prince a répondu : Je vous remercie. Veuillez retourner auprès de lui. Entre une couronne et un passe-port, qu’il choisisse. Si je réussis, je ne lui ferai point payer ma commission de banque. Si j’échoue, il me désavouera. »

On affluait de toutes parts vers l’hôtel Laffitte. On voyait se presser dans les appartements, dans les cours, dans les jardins, grands seigneurs, gens de finance, hommes de robe, gardes nationaux. Des curieux étaient montés sur les toits des maisons voisines. C’était un bourdonnement immense dans cette foule animée de passions diverses et sans cesse renouvelée. Des cartouches apportées dans la cour y firent naître un violent tumulte. Les hommes du peuple se les arrachaient, les derniers coups de fusil n’ayant pas encore été tirés. M. Degousée entra tenant un papier à la main. Dès la pointe du jour cet intrépide citoyen était allé offrir au général Pajol le commandement de la garde nationale. Dans les révolutions le pouvoir appartient à qui s’en empare. Mais le général ayant répondu que l’autorisation des députés lui paraissait nécessaire, M. Degousée avait couru chez le duc de Choiseul, y avait rencontré M. Dupin, et celui-ci, prenant une plume, avait écrit : « Messieurs les députés réunis à Paris autorisent le général Pajol à prendre le commandement des milices parisiennes.  — Milices parisiennes, s’écria M. Degousée surpris ! et pourquoi ce mot ? — Parce que la garde nationale se trouve légalement dissoute » répondit M. Dupin qui, dans cette révolution, ne voulait pas jouer sa tête. Dans cette même matinée, dans ce même hôtel du duc de