Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/306

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Choiseul, il avait dit en entendant parler des succès de l’armée royale et en présence du chevalier de Pannat : « Les troupes royales l’emportent sur tous les points, et c’est, ma foi, très-heureux. »

Les députés réunis chez M. Laffitte signèrent l’autorisation écrite que M. Degousée leur présentait ; mais le trouble était dans leur cœur. Donner au peuple armé un chef qui n’était pas député, c’était créer à côté de l’autorité légale une autorité purement insurrectionnelle. Au moment où M. Degousée allait sortir, un député de Melun, M. Baillot, court à lui, demande comme pour le consulter, l’autorisation compromettante, et ne rend le papier qu’après en avoir subrepticement déchiré les signatures. Car c’est ainsi que la bourgeoisie se préparait au maniement des affaires.

Cependant la foule croissait ; on répandait mille bruits divers ; un homme du peuple vint annoncer que le Louvre était pris ; M. de Lafayette arrivait. M. Audry de Puyraveau s’était rendu chez lui de grand matin pour le presser de prendre le commandement des troupes. M. Audry de Puyraveau fut reçu par M. Carbonel, qui lui dit : « Mais savez-vous bien que vous allez faire courir de grands risques au général » à quoi M. Audry de Puyraveau répondit énergiquement : « Et moi, Monsieur, est-ce que je ne cours pas de risques, depuis deux jours ? » En se rendant chez M. Laffitte, M. Audry de Puyraveau trouva dans la rue d’Artois un grand nombre d’hommes du peuple, à qui M. Mignet criait : « Soyez tranquilles, mes amis, ce soir vous aurez le duc d’Orléans pour roi. »