Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/322

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Introduit dans la commission municipale, M. de Sémonville prit la parole. Sa voix était très-faible, soit que la fatigue eut réellement épuisé ses forces, Mit qu’il voulut éveiller dans le cœur des commissaires ce genre d’intérêt qui s’attache au dévouement d’un vieillard. Son discours fut habile et suppliant. Il demanda grâce pour la présence du trop fameux baron de Vitrolles. Il recommanda ensuite à la générosité des vainqueurs cette royauté si souvent frappée, et qui s’était laissé désarmer en pleurant. Quoiqu’il n’eût encore été question à Saint-Cloud que de la nomination de MM. de Mortemart et Gérard, il fit entendre que le roi leur donnerait volontiers pour collègue M. Casimir Périer, qu’il montrait de la main. Puis, se tournant vers M. de Lafayette, il lui rappela que, quarante ans auparavant, les dangers de Paris les avaient réunis l’un et l’autre dans ce même Hotel-de-Ville. Tout à coup un messager entre et remet à M. Casimir Périer une lettre du comte Alexandre de Girardin, annonçant que des négociations sont ouvertes. La surprise fut extrême. Que signifiait ce croisement de démarches ? La commission serait-elle le jouet de quelque intrigue ? M. Casimir Périer était pâle, immobile et muet. Une défiance inquiète se peignait sur l’austère et noble visage de M. Audry de Puyraveau. M. de Vitrolles, placé à côté de M. Schonen, lui disait en vain, pour l’adoucir, et en lui frappant le genou : « Eh mon Dieu ! je suis plus ami de la Charte que vous ; car c’est moi qui ai inspiré la déclaration de Saint-Ouen. » M. de Schonen s’était trop engagé pour chercher son pardon ailleurs que dans la chute