Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux grandes, contemplait d’un air méditatif une carte géographique. M. de Mortemart, agité au milieu de tous ces personnages tranquilles, allait à chaque instant sur le balcon, prêtant l’oreille à des bruits lointains.

La partie de whist que Charles X joua dans cette soirée, ne tarda pas à être racontée dans la capitale. Elle y excita une grande colère, très-raisonnable chez ceux qui ne voulaient plus de royauté, puérile chez ceux qui s’occupaient à faire un autre roi.

Le duc de Luxembourg avait donné ordre à un lieutenant des gardes de se mettre à la tête de quelques cavaliers et d’éclairer la route de Neilly. L’officier, de retour, apprit à M. de Luxembourg qu’il avait remarqué un mouvement inaccoutumé dans le parc de Neuilly et aux environs du château. 11 ajouta que, s’il y avait été autorisé, il lui eût été facile d’enlever le duc d’Orléans. Charles X, entendant ces derniers mots, dit à l’officier d’un ton sévère : « Si vous aviez fait cela, Monsieur, je vous aurais hautement désavoué. »

La nuit était venue, et on allait se séparer, quand le duc de Mortemart s’approcha du dauphin et le pria de révoquer, au moins pour lui, que le roi envoyait à Paris avec une mission, la consigne qui coupait toute communication entre Paris et Saint-Cloud. « Comment ?… la consigne ?… c’est bien… nous verrons… » Le duc de Mortemart ne put pas obtenir une réponse plus précise. Il se retira dans son appartement, plus affligé que surpris, car il sentait peser sur son cœur ces paroles de Charles X : « Heureux qu’ils ne m’imposent que vous », paroles