Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/335

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mais priver du trône les héritiers directs du malheureux Louis XVI, et d’avoir gardé à Londres, pendant les Cents-Jours, une attitude qui fit planer sur lui les plus étranges soupçons ? Qu’on l’ait calomnié, lorsqu’on l’a représenté caressant tous les partis depuis 1813, se faisant restituer son apanage malgré les lois, jetant l’épouvante parmi les acquéreurs de biens nationaux par ses procès multiples, humble à la cour, et, au dehors, courtisant de tous les brouillons, c’est possible, c’est probable, si vous le voulez. Mais, enfin, ce qui est certain, c’est que Louis XVIII l’a mis en possession de vastes domaines ; c’est que Charles X est personnellement intervenu auprès des chambres pour lui assurer, au moyen d’une sanction légale, un apanage indépendant ; c’est, enfin, qu’on lui à gracieusement accordé ce titre d’altesse royale qu’il avait si fort désiré. Comblé de bienfaits par les aînés, il n’est pas dans une position qui lui permette de recueillir leur héritage, et lui-même souffrirait-il, s’il le savait, qu’on attisât en son nom l’incendie qui doit dévorer sa famille ? — Ce n’est pas de l’intérêt personnel du prince qu’il s’agit ici, Monsieur le baron : il s’agit de l’intérêt du pays menacé par l’anarchie. Je n’examine pas si la situation du duc d’Orléans est pénible pour son cœur, mais si son avénement est désirable pour la France. Or, quel prince est plus libre des préjugés qui viennent d’entraîner la ruine de Charles X ? Quel prince a fait plus hautement profession de libéralisme ? Et à la combinaison qui couronnerait,