Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/336

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quelle autre est, selon vous, préférable ? — Si vous croyez Charles X coupable, vous reconnaîtrez, du moins, que le duc de Bordeaux est innocent ? Conservons-lui la couronne. On l’élèvera dans de bons principes. Lafayette veut-il bien sincèrement la république ? — Il la voudrait, s’il ne craignait un bouleversement trop profond. — Eh bien ! qu’on établisse un conseil de régence. Vous en feriez partie avec Lafayette. — Hier encore cela eût été possible ; et si, séparant sa cause de celle du vieux roi, la duchesse de Berry se fût présentée, tenant son fils par la main et portant un drapeau tricolore… — Un drapeau tricolore ! mais c’est pour eux la représentation symbolique de tous les crimes. Plutôt que de l’adopter, ils se feraient piler dans un mortier. — Dans ce cas, Monsieur, que venez-vous me proposer ? »

M. de Glandevès sortit. La combinaison qu’il était venu soumettre à M. Laffitte répondait aux secrètes espérances de beaucoup de grands personnages qui n’auraient pas voulu voir briser entièrement la chaîne des traditions. Une seule combinaison pouvait empêcher tout à la fois, et le principe de légitimité de succomber en France, et la royauté d’y provoquer trop ouvertement l’esprit révolutionnaire. C’était celle qui, tout en respectant le droit divin d’Henri V, aurait confié à la prudence du duc d’Orléans les destinées de la monarchie.

Telle fut, un moment, la pensée de M. de Talleyrand. M. Laffitte allait plus loin. Surpris de l’influence politique d’un homme en qui il n’avait jamais vu qu’un banquier, le vieux diplomate ne put