Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/347

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sauraient gré d’avoir fait servir son élévation de digue aux passion déchainées ; qu’il y avait quelques chose de grand à sauver en France ; et que, s’il était trop tard pour la légitimité, il était temps encore pour la monarchie ; qu’après tout il ne restait plus au duc d’Orléans que le choix des périls, et qu’en l’état des choses, fuir les dangers possibles de la royauté, c’était affronter la république et ses inévitables tempêtes.

De telles raisons n’étaient pas de nature à toucher l’âme humble et pieuse de la duchesse d’Orléans, mais elle se firent aisément accepter de Mme Adélaïde. Enfant de Paris, comme elle disait elle-même, elle offrit de se rendre au milieu des Parisiens. On convint que le dus serait prévenu, et M. de Montesquiou lui fut envoyé.

Il était alors au Raincy, où il s’était réfugié. A la nouvelle des événements qui se préparaient, il monte en voiture ; M. de Montesquiou à cheval le précédait. Bientôt le bruit des roues semble s’éloigner. M. de Montesquiou tourne la tête : la voiture du prince regagnait le Raincy de toute la vitesse des chevaux. Effet naturel des incertitudes dont le duc d’Orléans était tourmenté !

L’heure des résolutions décisives était venu pour lui : elle le trouva irrésolu et défaillant. Ne pas courir aux distributeurs de vaines popularité, mais les attirer à soi peu à peu, éviter toute démarches d’éclat en faisant croire néanmoins qu’on s’engage, ne rien refuser, avoir l’air de promettre beaucoup, ménager dans les agitateurs influents les futurs conservateurs d’un régime nouveau, se faire porter par le