Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/351

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autour du palais demandait à être admis. Une lettre fut remise au président : ce désir y était énergiquement exprimé. Or là publicité des séances, en de pareils moments, c’est le forum. M. Laffitte, qui avait voulu que l’assemblée des députés se tînt dans l’enceinte législative, pour que leurs débats eussent un caractère plus solennel, M. Laffitte laissa tomber négligemment ces mots : « Ceci n’est pas une séance, mais une simple réunion de députés. » Et tout fut dit.

Les pairs de France, de leur côté, s’étaient rendus au palais du Luxembourg. Là, parmi MM. de Broglie, Molé, Pastoret, de Choiseul, de la Roche-Aymon, de Coigny, de Tarente, de Dreux-Brézé, en remarquait le duc de Mortemart, pâle encore d’un long évanouissement, le vieux marquis de Sémonville, et le poète de toutes les ruines, le vicomte de Châteaubriand. Il était arrivé dans ce palais d’une aristocratie dégénérée, au milieu des acclamations, et porté sur les bras d’une jeunesse enthousiaste. Pourtant, il ne venait là que pour sauver d’une attente dernière la majesté des choses qui ont long-temps vécu. Assis à l’écart, mélancolique et triomphant, il resta quelque temps muet et comme en proie à toutes les puissances de son âme. Mais bientôt sortant de sa rêverie et s’animant, il exhorta ses collègues à une fidélité intrépide. « Protestons, s’écriait-il, en faveur de la monarchie mourante. s’il le faut, sortons de Paris ; mais, en quelque lieu que la force nous pousse, sauvons le roi, Messieurs, et confions-nous à toutes les bonnes chances du courage. » Puis, comme si l’ovation