Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/358

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les républicains présents se regardaient l’un l’autre avec inquiétude. L’un d’eux, M. Bastide, s’élance vers M. de Sussy pour le précipiter du haut des fenêtres de l’Hôtel-de-Ville. « Y songes-tu, lui dit Trélat en le retenant ; un négociateur ! » Alors M. de Lafayette, toujours calme au sein de l’agitation, se retourne vers M. de Sussy avec un geste expressif, et l’engage en souriant à se rendre auprès de la commission municipale. Le général Lobau se présente en ce moment et s’offre à guider le comte. Quelques instants après, inquiets de ce qui va se passer, les membres de la députation républicaine quittent M. de Lafayette pour suivre M. de Sussy. Les uns s’égarent dans l’Hôtel-de-Ville, les autres trouvent la porte du cabinet de la commission municipale fermée. Ils demandent à entrer : on ne leur répond pas ; indignés, ils ébranlent la porte à coups de crosse. On leur ouvre enfin, et ils aperçoivent le comte de Sussy causant amicalement avec les membres de la commission municipale. Seul, M. Audry de Puyraveau avait une attitude passionnée. « Remportez vos ordonnances, s’écrie-t-il alors. Nous ne connaissons plus Charles X. » On entendait en même temps la voix retentissante d’Hubert, lisant pour la seconde fois l’adresse de la réunion Lointier.

M. Odilon Barrot se hâta de prendre la parole au nom de la commission municipale. Il combattit avec mesure et habileté les opinions qui venaient d’être exprimées, et ce fut lui qui, dans cette occasion, prononça ces mots attribués depuis au général Lafayette : « Le duc d’Orléans est la meil-