Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/37

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la main une proclamation rédigée d’avance : grâce au zèle de quelques royalistes, elle couvrit bientôt tous les murs de Paris. Le peuple apprit, à son grand étonnement, qu’il désirait avec ardeur le retour des Bourbons.

Ainsi, ce retour avait lieu contrairement au vouloir du peuple, à qui les Bourbons, en 1814, étaient inconnus ; contrairement aux sympathies d’Alexandre, qui redoutait les périls d’une réaction ; contrairement, enfin, à l’opinion de M. de Talleyrand, qui n’avait cru possible et n’avait désiré que la régence de Marie-Louise.

Au surplus, la royauté nouvelle une fois proclamée, tous ceux qui disposaient de la fortune et des honneurs, s’empressèrent autour d’elle. Napoléon avait avili la pairie deux fois : par ses prospérités, qui la rendirent servile ; et par son malheur, qui la rendit ingrate. Mais, son maître par terre, elle se trouva si faible, qu’elle n’osa pas même prendre l’initiative de son ingratitude elle se livra au premier fourbe venu ; et le sénat devint, aux mains de M. de Talleyrand, une machine à trahisons. Par un châtiment à jamais mémorable de l’orgueil, Napoléon dût en partie sa chute à cette bassesse même qu’il avait créée, qu’il avait entretenue. Il avait compté, pour la force et la durée de son règne, sur l’abaissement des caractères ; et sa première défaite le laissa seul sur les débris de sa fortune.

Voilà ce qui fut fait en 1814. On appela cela le