Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/370

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour réparer, à l’égard d’un de ses serviteurs, les torts de son fils ! Le duc de Raguse fut vivement ému ; mais il ne put se résoudre a pardonner un affront trop cruel. Pour obéir au roi, il alla trouver le Dauphin, lui présenta ses excuses, reçut les siennes mais quand le prince lui tendit la main en signe de réconciliation, le maréchal fit un pas en arrière, s’inclina profondément, et sortit.

L’heure approchait où toute cette royale famille n’allait plus avoir d’auguste que l’excès même de son abaissement.

Ce jour-là, comme la veille, la maison de M. Laffitte avait été l’hôtellerie de la révolution. On y affluait de tous les points de Paris. Pas un homme d’intrigue qui n’y vint raconter ses services. Celui-ci avait pris une pièce de canon ; celui-là entraîné la défection d’un régiment : tous avaient élevé des barricades. Quelques-uns allèrent jusqu’à Neuilly montrer leur visage et prendre date. Décidément, le parti orléaniste triomphait.

Mais les choses ne tardèrent pas à changer d’aspect. Vers huit heures du soir, la députation chargée d’offrir au duc d’Orléans la lieutenance générale, se présenta au Palais-Royal. Elle n’y trouva que quelques serviteurs égarés, qui ignoraient la retraite de leur maître ou n’osaient l’indiquer. Il fallut envoyer un message à Neuilly.

Le résultat de cette visite, lorsqu’il fut connu à l’hôtel Laffitte, y causa une sensation profonde. Que signifiait cette absence prolongée du duc en des circonstances aussi graves ? Est-ce qu’il avait peur ? Est-ce que sa pensée était de répondre par