Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/378

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hors M. Bérard. Portée à la chambre, elle y fut lue au bruit des acclamations. Il fallait profiter de ces transports et engager irrévocablement la chambre. M. Laffitte prit la parole : « Je ne rappellerai pas, Messieurs, dit-il, les mesures que vous avez adoptées et qui ont assuré le salut du pays, mais je pense qu’il convient d’en faire l’historique, de tout exposer avec précision et netteté. » La proposition de M. Laffitte obtint l’assentiment unanime. Quiconque aurait hésité compromettait son avenir dans le régime nouveau.

Mais que devait contenir la déclaration ? Fallait-il y stipuler pour le peuple quelques garanties ? tel était l’avis de MM. Eusèbe Salverte, Bépard, Corcelles. Benjamin Constant. M. Augustin Périer prétendit que « ce n’était point le cas d’entrer dans une discussion de principes qui serait interminable. » Ce furent MM. Benjamin Constant, Bérard, Villemain et Guizot qu’on chargea de rédiger le projet. Les deux derniers, comme on l’a vu, n’avaient joué dans les trois jours qu’un rôle de conservateurs ; mais, voyant la balance pencher du côté du duc d’Orléans, ils n’en sentaient que mieux le besoin de se faire pardonner leur opinion de la veille. M. Guizot avait préparé d’avance le projet de réponse. C’était le programme de la bourgeoisie, et comme un appendice à la constitution de 1791. Voici les principes pour le triomphe desquels tant d’hommes du peuple étaient morts :

« Français, la France est libre. Le pouvoir absolu levait son drapeau. L’héroïque population de Paris l’a abattu. Paris attaqué a fait triompher