Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/403

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fois jusqu’à la folie, était tout-à-coup devenu humble et suppliant. Il fut fait selon son désir ; mais son inquiétude était si grande que, dans la soirée, il courut s’assurer lui-même au Moniteur de la radiation de son nom, qui fut remplacé par celui de M. de Broglie. Casimir Périer, cependant, comme il le prouva bientôt, n’était pas homme à repousser les avances de la fortune. Mais c’était d’un prince, nouveau venu dans la révolution, qu’il attendait la réalisation de sa secrète espérance. Âme ardente et pusillanime, que rongeaient et abaissaient à la fois les soucis d’une ambition pleine d’épouvante ! D’autres mirent plus de vigueur à leur abaissement, et se précipitèrent du moins la tête haute vers le pouvoir et la servitude.

Les choix faits par la commission municipale furent ratifiés au Palais-Royal ; mais, au-dehors, on les commenta diversement. On trouvait en général fort singulier qu’un pouvoir d’origine révolutionnaire eût désigné, pour représenter la révolution des hommes tels que l’abbé Louis et M. Guizot. Il est vrai que, pendant les trois jours, le premier s’était posé chez M. Laffitte comme le financier de l’insurrection, avec un laisser-aller qui ne manquait pas de courage il avait parlé hautement de certaines mesures à prendre pour lever des impôts au cas où la révolution se prolongerait. Quant au second, sa part dans le mouvement n’était pas de nature à justifier son ambition. Toujours est-il que l’association de leur nom à celui de M. Dupont (de l’Eure), si connu par ses luttes contre les Bourbons aînés avait quelque chose de bizarre et d’inexplicable.