Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/410

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à prendre : se retirer à Tours, y convoquer sur-le-champ les deux chambres, tous les généraux, les plus hauts fonctionnaires publics, et les dignitaires du royaume. Selon M. de Guernon-Ranville, c’était le meilleur moyen de désorganiser l’insurrection et d’en déconcerter les chefs. Cette opinion fut adoptée, et, en conséquente, on rédigea plusieurs circulaires. Elles n’attendaient plus que la signature de Charles X, et il se montrait disposé à la donner. Mais il changea tout-à-coup de résolution et le fit savoir à ses ministres, qui, désespérés de tant de vacillations, déchirèrent les circulaires, dont le bassin de Trianon reçut les morceaux.

Il est certain que le roi ne pouvait se résoudre à prendre un parti. Le séjour de Trianon le retenait par mille liens, mais il y était environné de périls. Sur les instances de M. de La Rochejacquelein, et sur les avis inquiétants du général Bordesoulle, il se décida enfin à ne pas prolonger davantage cette première halte de la royauté. Le voyage de Rambouillet fut résolu, et les troupes durent se diriger vers Trappes. Elles se mirent en mouvement, après avoir déchiré les gibernes abandonnées par les déserteurs, et jeté dans le canal du parc plusieurs des fusils dont la plaine était jonchée. Le désordre de cette retraite nocturne ne peut se comparer qu’aux suites d’une véritable défaite. Artillerie, infanterie, cavalerie, roulaient pêle-mêle dans les ténèbres. Des coups de fusils tirés en l’air ou dans les bois faisaient craindre à tout instant quelque attaque nouvelle. C’était plus qu’une retraite, c’était une déroute.

La famille royale, de son côté, avait fait tous ses