Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/418

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de dangereux dans cet empressement à désarmer la révolution, les chefs de la bourgeoisie éclataient en démonstrations patriotique. Les journaux célébraient la grandeur des Parisiens sur le ton de l’épopée. Des souscriptions étaient ouvertes de toutes parts : adoucissement amer au deuil de tant de familles ! On faisait le compte des morts, on s’intéressait au sort des blessés ; en un mot, on étourdissait le peuple avec son propre enthousiasme. Au milieu de ces distractions héroïques et touchantes, les menées des ambitieux paraissaient moins.

Les hôpitaux étaient encombrés de blessés. On résolut au Palais-Royal de leur faire une solennelle visite. La duchesse d’Orléans, Madame Adélaïde, et les princesses Louise, Marie et Clémentine, se rendirent à l’Hôtel-Dieu, accompagnées de MM. Barbé-Marbois, Berthois, Alexandre de Laborde, Delaberge, Degousée, etc… En entrant dans ces funèbres dortoirs, où tant de souffrances étaient rassemblées, les jeunes princesses éprouvèrent un saisissement douloureux. Là duchesse d’Orléans ressentit une vive émotion, a peine tempérée par la gravité naturelle de son maintien. Trop élevée par sa piété au-dessus des choses de ce monde, pour abaisser à un calcul d’intérêt un acte d’humanité, elle adressa de douces paroles aux premiers blessés que le hasard plaça sur son chemin : c’étaient des gardes royaux. « Est-ce pour consoler nos ennemis que ces dames viennent ? » murmura d’une voix éteinte un combattant de juillet. Ces paroles avaient frappé l’oreille de M. Degousée, qui donnait le bras à la princesse Clémentine. Il s’approche rapidement de