Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/421

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sac était au comble. En arrivant au Palais-Royal, il avait remarqué des hommes du peuple couchés jusque sur les marches de l’escalier ; il avait été frappé de la liberté avec laquelle on circulait dans le palais et le mouvement qui y régnait lui avait même rappelé de dramatiques souvenirs. Il ne pouvait donc concevoir que là où de simples curieux étaient admis sans façon, il ne pût se faire admettre, lui, messager d’un roi vaincu, mais non encore détrôné, lui qui venait porter l’abdication de ce roi au lieutenant-général du royaume. Il conclut de ce rapprochement bizarre que le duc d’Orléans avait été prévenu de la visite par de secrets émissaires, et qu’il avait résolu de l’éviter, soit pour ne pas livrer à un envoyé de Charles X le secret de ses desseins qu’aurait trahi peut-être le jeu de sa physionomie, soit pour n’avoir pas à s’enchaîner, devant un intermédiaire officiel, par des engagements trop précis.

Dans l’embarras où le plongeaient ces suppositions, M. de Latour-Foissac prit le parti de se rendre chez le duc de Mortemart et de réclamer ses bons offices. Ils montèrent tous les deux en voiture et se dirigèrent vers le Palais-Royal. Le fiacre s’étant arrêté, le duc de Mortemart en descendit seul, reçut la dépêche des mains de M. de Latour-Foissac, et promit de ne la remettre au prince qu’après avoir fait tous ses efforts pour amener l’entrevue désirée. Il reparut quelques instants après. Le duc d’Orléans avait pris la dépêche, et refusait formellement de recevoir celui à qui Charles X l’avait confiée.

Ne pouvant rien obtenir, le général Latour-Foissac demanda qu’on lui permît, au moins, de